Dessins-matrices, depuis 2017


Dérivant d’explorations en contextes, les installations oscillent de la gestualité du dessin à la construction architecturale, de la concentration resserrée sur un détail (une matière locale) au déploiement immersif. En partant d’un seul dessin par installation, son extension procède par reproduction numérique, jouant de multiplications, fragmentations, agrandissements et rétrécissements puis découpes et assemblages, pour traduire les dynamiques et transformations qui traversent un lieu. Étendu à l’échelle architecturale, le processus erratique et constructif du dessin déstabilise et régénère la forme du bâti pour mettre en exergue autant qu’en crise ses processus de formation et d’appréhension. Le cheminement des lignes vibratiles, transcrivant recherches, errances, traversées, se déploie en un environnement à arpenter, voire habiter, dans une expérience instable où basculent les repères orthonormés.
L’intégration de dynamiques internes au contexte génère ainsi des dessins qui croissent, s’étalent, se stratifient ou se diffractent dans l’espace et restituent une appréhension transitoire des sites rencontrés. Chaque dessin trouve sa source dans un détail, qui cristallise en miniature des relations plus globales, tant contextuelles qu’existentielles : entre agitation sous-jacente et surface inerte (la pierre de lave poreuse d’Islande), croissance et instabilité (le fruit atemoia découvert au Brésil en même temps qu’une précarité architecturale), centrage et diffraction (la géode de cristal ramenée du Brésil), enracinement et coupure (les racines coupées de faux cyprès, référence au style gothique du Musée des Augustins), fracture et construction architecturale (la pierre cargneule et ses échos au baroque de Sospel et à une fragilité tectonique), stratification et friabilité (le schiste argileux des montagnes suisses), projection et incertitude (les chantiers du quartier Atlantis de Massy), brisure et reconstitution (les coquilles sur amphores archéologiques de Port-de-Bouc), formation et pulvérisation (la poudre issue de la découpe de blocs de marbre à Naxos)…
Le processus excède souvent la production d’une seule installation, et trouve sa suite dans plusieurs espaces, où le même dessin évolue, s’enrichit des résidences récemment vécues, et se reconfigure selon le nouveau site. Tout en développant une approche contextuelle très ancrée, des lignes traversent les différentes résidences, et avancent - en jouant d’aller-retour - par l’attention aux spécificités de chaque lieu. Ainsi l’ailleurs se poursuit ici puis en pointillé encore ailleurs, et découvre des résonances transversale d’un espace à l’autre.