Caryopse 3, 2021

Installation, briques émaillées avec transfert du dessin Vue microscopique de grain de blé, production Ville de Chevilly-Larue / Exposition Caryopse, 2021, Maison des arts Rosa Bonheur puis Médiathèque Boris Vian, Chevilly-Larue / Exposition collective BorderLine, 2022, Pavillon Vendôme, Clichy, commissariat Yvannoé Kruger.



Tout en traversant la ville transformée par ses immeubles et chantiers, faire lecture de documents historiques et découvrir Chevilly-Larue par le prisme de son passé : les poteries antiques, la culture du blé, les briqueteries, les temps de guerres, les inondations… L’entrée par la terre comme matière à la fois fragile et façonnable (terreau agricole, matériau architectural, objet de batailles de territoire…) porte à poursuivre des recherches menées en d’autres lieux marqués par l’agriculture : à Verrières-le-Buisson (deux expositions en 2018-2019, à partir du développement des grains de blé par la famille Vilmorin), et au lycée agricole Bourges-Le Subdray (résidence en 2020-2021).
Au croisement de plusieurs sites et temporalités, bâtir les prémices d’une maison qui semble forgée de restes, de vestiges, autant que prise dans une dynamique de croissance. Ainsi, la Maison des arts (ancienne grange réhabilitée) accueille-t-elle désormais sous son toit l’esquisse d’une demeure qui semble être en décomposition ou en attente de sa construction : amas de briques, fragments de charpentes, évocation de flèches… forment un ensemble parcellaire, un puzzle indéfini qui nous projette dans un espace labyrinthique, tant physique que mental. Tel un processus inachevable, ces œuvres modulaires pourront ensuite se décliner ailleurs, découvrant chaque fois de nouveaux agencements en dialogue avec les lieux.
Bâtir sa maison se présente ici à l’état d’une amorce, de manière émergeante ou incomplète, méthodique ou éclatée, de sorte à en pointer les bases autant que les résistances ou failles. Cette maison-exposition trouve ses fondations dans les anciennes fermes locales, dont il reste peu de trace… et creuse d’autres racines, transversales, psychiques, ancestrales, qui portent chaque visiteur à se questionner sur ce qui définit sa propre “maison”.


Caryopse 3 est un ensemble de briques, partiellement recouvertes d’un dessin de vue microscopique de grain de blé. Si la terre fut moulée en briques, elle aurait aussi pu être ensemencée. Elle montre ici ses deux faces comme deux potentialités : la culture et croissance végétale ou la construction de bâtisses, le développement d’une ville. Evocation d’un territoire en redéfinition, ces briques sont à chaque exposition réagencées autrement ; de la même manière que les briques de la cheminée de la briqueterie de Chevilly-larue furent à sa fermeture démontées pour être remontées en de nouveaux bâtiments.