Granite 1, 2021

Installation, modules en PVC forex imprimé du dessin Granite (Saint-Barthélémy), h. max. 2,9 m / Exposition L’art dans les chapelles, Chapelle Saint-Adrien, Saint-Barthélémy, commissariat Eric Suchère.



Sur le sol pentu et granitique de la chapelle, fait irruption le dessin d’une pierre brute de granite, prélevée au pied de l’édifice lors de la première visite. Entre les plans architecturés, la gestualité des tracés fait rejaillir l’évocation des processus géologiques à l’origine de leur matérialité. Le granit est une poche de magma dite intrusive, dont la poussée ne permit pas l’éruption : la roche reste à l’intérieur et le lent refroidissement la rend hétérogène, poussée cristalline, conglomérat de grains, assimilation de roches multiples. Le vide actuel de cette chapelle était autrefois agité d’une activité magmatique qui donna lieu au dit “Himalaya breton”, peu à peu érodé, mais dont l’inclinaison du sol garde encore indice.
Ce dessin est progressivement agrandi jusqu’à former une micro-architecture par retentissement avec la composition du lieu. Entre émergence minérale et poussée architecturale, les angles des formes tranchées font se joindre l’évocation de cristaux saillants et celle des pointes gothiques qui tendent vers l’aigu et semblent vaciller comme sous l’effet de secousses tectoniques. Cette demeure abrite en quelque sorte une montagne, d’autant qu’elle intègre la pente topographique. Et, en ce qu’elle est fragment et trace de phénomènes géologiques, la petite pierre condense l’immensité, est concrétion d’échelles. Partant de la structure composite d’un bloc de granite, l’installation est elle-même bâtie par agencement de formes croissantes et chancelantes, qui paraissent se rejoindre et se disjoindre au fil de la marche. Invasive et multiple, modulaire et provisoirement définie, elle marque l’unité spatiale du lieu autant que la diversité des éléments qui la composent : bribes de dessins muraux, réaménagements et restaurations en plusieurs temps, mobiliers d’origines plurielles, importés d’autres chapelles, et qui pourraient à l’avenir être redéplacés encore ailleurs. Dans cette condensation d’échelles, la chapelle est elle-même un conglomérat, cohésion du disparate, synthèse de grains résiduels d’autres sites.
Transitoire et évolutive, cette installation pourra par la suite être présentée sous d’autres configurations, activant les indénombrables possibilités d’articulations qu’elle contient. Cette imbrication de l’unité et du multiple, du bloc composite au risque de l’éclatement, traduit l’actualité d’un processus à plus grande échelle : cet été, plusieurs installations se déploient dans le même temps en divers lieux, et se font ainsi échos, s’imbriquent et s’impactent, au sein d’une démarche transversale (galerie du Dourven ; chapelle de la Visitation à Thonon-les-Bains ; Grand Pic Saint-Loup ; galerie La Ferronnerie à Paris…).