Fêlures (la gravure contre soi), 2019-2020

Série, porcelaine noire et blanche / Après une résidence en Suisse (La Ferme-Asile, Sion) et les effondrements d’immeubles à Marseille.



De la porcelaine blanche, diluée dans l’eau, est appliquée au pinceau calligraphique sur la porcelaine noire rapidement modelée. Lentement, cette couche est grattée avec une pointe métallique, dans un geste similaire à celui du dessin au rotring. A mesure que l’inscription s’étend trait par trait, référence aux écritures des tablettes d’argile, la matière noire souple réagit, regimbe, se fracture, s’ouvre, s’écroule, retenue, saisie, insaisissable, et altère en surface le graphisme répétitif qui tente encore de la contenir et de la transcrire.


Fêlures (la gravure contre soi), amorcé début 2019, fut achevé pendant le confinement, tandis que Oikos-Poros fut lancé en série, après les expérimentations menées les mois précédents. Ces deux séries sont aussi des “après coup” de résidences. L’expérience provisoire de la résidence en des lieux étrangers reste active dans l’éloignement. Et dans le repli du confinement, au plus vif de la concentration, la maison ici est stratifiée ou traversée d’autres maisons : elle héberge l’ailleurs.
Fêlures (la gravure contre soi) poursuit le travail mené en Suisse en 2018, suivant un principe de stratification, entre construction et délitement, à partir d’une pierre de schiste, très friable, arrachée d’un mur. Cette suite a émergé après les effondrements d’Aubagne à Marseille, et pendant le parcours Chantiers, un axe de recherche se développant à travers plusieurs résidences et expositions.
Oikos-Poros est la continuation de la deuxième résidence vécue en Islande, cet hiver 2019-2020. L’habitation se fait cette fois poreuse, à l’image des pierres de lave, du magma en ébullition susceptible de se substituer aux maisons, et qui en détermine déjà certaines formes, étranges imbrications de tôles préfabriquées, tels ces habitats bâtis dans l’urgence et importés de très loin.
Oikos-Poros est aussi composé par strates, et la suite récente de la série Fêlures (la gravure contre soi) explore les passages entre les épaisseurs. Le processus se manifeste lui-même comme stratification et porosité, entre les espaces et les temps : succession et reflux, simultanéité, accumulation et retrait, effacement, délitement et traversée, décomposition et dynamique en devenir.